On dit que le Karaté dépasse souvent le cadre sportif. A Besançon, le club Sauvegarde, fondé en 2003 par Fode Ndao, en est le parfait exemple. Lien social et dénicheur de talents, ce club est un acteur majeur du « vivre ensemble » tout en ne négligeant pas le haut niveau. La dernière née ? Laura Sivert.

Par Florian Fournier / Photos : D.R


Vice-champion du monde en 2000 à Munich chez les -70 kg, Fode Ndao a créé le Sauvegarde de Besançon en 2003. Implanté à Planoise, dans la banlieue de Besançon, il doit son nom à l’hommage que Fode tenait à rendre à son père et sensei, qui a appelé son club de la banlieue de Dakar, le Sauvegarde Guediawaye.

Homme de terrain, Fode Ndao s’est fixé pour objectif d’aider les jeunes en difficultés à s’insérer, s’intégrer et réussir socialement à travers le sport. Encore Athlète au moment de la création du club, il utilise le sport de haut niveau comme fer de lance pour le développement de l’action sociale.

Comptant une centaine de licenciés, il a formé plusieurs athlètes de haut niveau comme Abdel Boujaaba (vainqueur de la coupe de France et membre de l’équipe de France aux Mondiaux 2014), Yasin Boujaaba (champion de France), Sofiane Hakkar et dernièrement, Laura Sivert.

Aujourd’hui figure de proue du club, Laura Sivert, championne du monde 2018 par équipe, est arrivée au Sauvegarde en Junior. « Je l’ai façonnée. Elle était l’élève de Pierre Brunet qui lui a apporté de très bonnes bases. Derrière, j’ai repris ce travail en y apportant mon expérience pour en faire la championne d’aujourd’hui ».

« LE KARATE, C’EST LA TOLERANCE, C’EST VIVRE ENSEMBLE »

Si le club continue de développer sa structure du haut niveau, il n’en oublie pas moins ses premiers objectifs. Fervent défenseur des échanges culturels, Fode Ndao, également responsable des équipes nationales du Sénégal, met à profit son réseau pour développer cet aspect. « Les échanges culturels permettent à mes athlètes une progression certaine dans leur Karaté. »

Le club est d’ailleurs jumelé avec celui de Gabriel Sylla au Canada. Ce dernier, préparateur physique et entraîneur du Sénégal comme Aly Ndao, frère de Fode, aide aussi au développement du club Sauvegarde.

Acteur social, le développement du sport féminin et du Karaté est un facteur essentiel dans l’avenir du Sauvegarde Besançon. « Nous avons le projet : les femmes d’abord, auquel j’attache énormément d’importance, et tout ce qui permet aux jeunes et aux moins jeunes de s’insérer dans la société ».

Ajouté à cela, Fode Ndao n’hésite pas à pousser les portes des établissements scolaires pour développer son action. « Je me déplace dans les collèges, pour sensibiliser les jeunes aux valeurs du sport et de la République via le Karaté. Le Karaté c’est le vivre ensemble, la tolérance ». Toutes ces actions sont soutenues par l’Etat, ce qui permet également de renforcer le lien parents-enfants.

« Je suis fier de ce parcours et de cet accomplissement. Je suis né dans la banlieue de Dakar et si, un jour, on m’avait dit que je serai vice-champion du monde de Karaté et autant impliqué dans cet art martial si noble, je ne l’aurais pas cru. »

Avec l’organisation des JOJ au Sénégal à Dakar en 2022, Fode et le club Sauvegarde de Besançon vont pouvoir pérenniser leurs actions de développement au Sénégal, en Afrique et dans le monde. « Le Karaté a besoin d’être visible pour démontrer toutes les qualités et les bienfaits qu’il procure et l’olympisme est l’un des meilleurs vecteurs pour le faire. »