A l’aube d’une nouvelle joute continentale (28-31 mars) à Guadalajara en Espagne, la reine européenne des +68kg est en quête d’une quatrième couronne consécutive. Anne-Laure Florentin, récente vainqueur du K1 de Dubaï, est en mission pour marquer son temps.

 

Par Florian Fournier

Photo : Kphotos


 

Elle est récemment devenue marraine de Fight For Dignity, l’association lancée par Laurence Fischer dans le but d’accompagner et de soigner des femmes qui ont subi des violences grâce à la pratique du Karaté. Anne-Laure Florentin est une championne investie et dévouée.
La jeune femme de 27 ans, étudiante en école de commerce/management à Grenoble, soutenue par l’entreprise Point P dont elle est l’une des athlètes, vise un 4e titre de championne d’Europe d’affilée La Sociétaire de l’AS Evry, 4e dan, semble avoir atteint une maturité recherchée par tous les athlètes de haut niveau pour réaliser ses rêves : devenir championne du monde et championne olympique. Mais, avant, un 4e titre européen ne serait pas pour lui déplaire.

Un quatrième titre consécutif serait-il synonyme de revanche après la déception des Championnats du monde ? 

Ces championnats d’Europe représentent une étape importante et ils m’aideraient à me relever après cet échec aux Mondiaux pour lesquels j’avais fondé de grands espoirs de victoire.
Désormais, je reste concentrée sur cette nouvelle échéance et je ne pense plus au passé. L’important va être de prendre du plaisir pour ramener une nouvelle médaille continentale et un quatrième titre consécutif.

Avec cette victoire à Dubaï (15-17 février), peut-on dire que ta saison est enfin lancée ?

Cette victoire m’a fait le plus grand bien d’un point de vue mental et moral. Cependant, la saison va être longue et il faut garder le cap le plus longtemps possible pour performer à ces Championnats d’Europe et aux K1 qui, à partir d’avril, vont compter à 100% pour les JO.

Que t’a-t-il manqué aux Championnats du monde ou même à l’Open de Paris pour performer comme tu le souhaitais ?

A Madrid, l’objectif était d’être championne du monde. En réalité, les autres médailles ne m’intéressaient pas. Après ma défaite en demi-finale, je n’y étais plus mentalement. La frustration avait pris un trop grand pas sur le reste pour aller chercher la médaille de bronze.
Ce qui est dommageable car, dans mon karaté et physiquement, j’étais prête pour cette compétition. La différence s’est faite dans l’approche mentale du tournoi.
L’Open de Paris, quant à lui, m’a permis de tourner la page et de repartir de l’avant même si la performance n’était pas au rendez-vous (Ndlr : battue par la championne du monde Chatziliadou au 3e tour).

Avec Chatziliadou, tu vas être la favorite de la catégorie. Comment abordes-tu cette compétition ?

Sans pression particulière. Je sais ce que je dois faire et je vais le faire. L’essentiel est de me concentrer sur moi-même. Chatziliadou est championne du monde mais je la connais et je l’ai déjà battue plusieurs fois. Mon objectif est d’être à 100% dans ma compétition sans me soucier des autres.

Le K1 de Rabat se tient 3 semaines après ces Championnats d’Europe (19-21 avril). Gérer des compétitions aussi rapprochées est-il difficile ?

La gestion n’est pas compliquée pour ma part, c’est simplement une question d’organisation. On se doit d’être sérieuse dans notre travail, dans notre quotidien pour être performante. Mon objectif est simple, c’est la qualification olympique et le fait d’avoir moins de temps de repos est un élément important qui nous permet de rester focus tout au long de la saison.

Il y a eu l’annonce concernant Paris 2024. Quel effet cela a-t-il eu sur toi ?

En tant qu’athlète, cela n’a pas eu un effet direct sur ma personne car après Tokyo 2020, le Karaté de haut niveau risque de s’arrêter pour moi. Mais en tant que karatéka passionnée et dévouée à cet art martial, cela m’a touchée. Cela fait des années que l’on attend de rentrer de manière définitive dans la famille olympique et, à peine arrivé, on nous sort déjà.
Cette annonce est frustrante pour la génération à venir, pour les personnes qui se battent pour rendre le Karaté olympique et pour tous les passionnés. Avec Tokyo, l’élan et l’intérêt pour la pratique du Karaté a tout bonnement observé une croissance importante et nous couper les ailes en plein vol avec cette annonce du COJO est difficile à encaisser.

Tu es marraine de Fight for dignity. Peux-tu nous parler de cette association ?

C’est une association fondée par Laurence Fischer (championne du monde 1998 et 2006), une athlète dont je me suis longuement inspirée, qui a pour but d’accompagner la reconstruction de femmes qui ont subi toutes sortes de violence à travers la pratique du Karaté.
Laurence m’a sollicitée récemment pour en devenir la marraine et, sans hésitation, j’ai accepté cette belle responsabilité. En tant que femme, c’est une cause qui me touche. Si je peux aider des femmes qui ont un besoin de reconstruction personnel par mon expérience et la pratique du Karaté, je le fais avec grand plaisir.