Il a fait sa gloire, à moins que ce soit lui qui ait fait la réputation d’Unsu. Toujours est-il que Michaël Milon a remporté ses plus grands titres avec ce Kata. Depuis 20 ans, il est copié mais il n’a jamais été égalé.

Quand Michaël Milon interprétait Unsu, il n’y avait plus un bruit, seulement un silence admiratif. Dans ce 2e épisode de l'hommage à Michaël Milon, son père Michel, Denis Boulanger, Hassan Fekkak, Junior Lefèvre et Serge Chouraqui nous racontent Unsu par Michaël Milon.

Par Ludovic Mauchien / Photos : Denis Boulanger / DR


En sport, il existe des moments rares qui font la légende. Des gestes techniques qui marquent tellement les esprits qu’ils prennent le nom de leur créateur (Panenka…). En Karaté, le Kata Unsu n’a pas changé de nom. Mais il n’y aurait pas grand monde pour s’insurger s’il était dénommé le Kata Milon.

Souvent imité, jamais égalé. Voir Michaël Milon exécuter un Kata, et particulièrement Unsu, ce que j’ai eu la chance de vivre, c’était le nec plus ultra. Oui, effectivement, « on » s’arrêtait pour voir Mikaël Milon. Et cela, je ne l’ai plus vécu depuis, sinon pour Ryo Kiyuna.

Au-delà de la performance sportive de haute volée, il existait une dimension finalement assez rare : le partage de l’émotion ressentie par le champion. « On » vivait le Kata, « on » vivait le combat, car Michaël Milon, dans l’intensité qu’il donnait, nous faisait partager.

 

Michel Milon : « La sensation du combat réel »

Son père

« En fait, il avait plusieurs Kata, et notamment Unsu. Il trouvait qu’Unsu était celui qui avait le plus de difficultés techniques et de rythme, celui qui lui permettait d’avoir le plus la sensation du combat réel.

Mais ce n’était pas forcément celui qui correspondait le plus à ses qualités, en tout cas pas plus que les autres. En fait, il augmentait en difficulté. Il commençait ses compétitions par Empi, puis Kankusho et enfin Unsu. Il se sentait à l’aise dans tous. Mais c’est vrai que c’était le nec plus ultra de l’exécution du Kata Unsu ».

 

Denis Boulanger : « C’était un truc de dingue »

Photographe de sports de combat depuis plus de 30 ans

« Des Unsu, j’en ai vu des milliers. Ce n’est même pas calculable. Quand Michaël était là, c’était un truc de dingue. Tout le monde voulait faire et faisait Unsu. Encore aujourd’hui, on en voit pas mal. Mais, depuis Michaël, je n’en ai pas vu qui m’impressionnait, même les Japonais. Lui, c’était autre chose. Ca allait vite, c’était précis… C’était du grand art ! ».

 

Hassan Fekkak : « Il était dans un état de transe »

7e Dan, champion du monde Kata JKA, son ami

« C’était son kata fétiche, il l’adorait et le maîtrisait jusqu’au bout des doigts. Quand il exécutait Unsu, il était presque dans un état de transe. Il avait une stabilité solide et incroyablement ancrée au sol, une vitesse phénoménale et une explosivité foudroyante. Il était Unsu… Il a gagné 5 titres mondiaux avec ce kata (2 coupes du monde, 3 championnats du monde).

Je me rappelle son come-back aux Championnat du monde en 2000 à Munich. Nous nous préparions chez lui à Loches. Il le répétait inlassablement. A chaque doute sur un passage ou une remarque de ma part sur une technique, il reprenait sans relâche jusqu’au perfectionnement. »

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Junior Lefèvre : « Une explosivité, une dynamique impressionnante »

Champion du monde Kumite, international Kata

« Il avait une explosivité, une dynamique dans son Unsu qui était impressionnante, surtout sur la 1ère partie. Les 4 tsukis, la ligne… C’était impressionnant, surtout parce qu’il était dynamique et stable. Être rapide, c’est bien mais il fallait savoir tenir. J’ai connu Michaël très jeune. Quand il était jeune, il était super mince. Quand il a pris un peu de poids avec la musculation, on a vu un fameux changement, au niveau de sa puissance de frappe, et surtout l’explosivité ».

 

Serge Chouraqui : « Jusque-là, on voyait de très beaux katas »

Son entraîneur en équipe de France et au SIK Paris

« A l’époque, Unsu était un Kata recherché, c’était celui des privilégiés, c’était le Kata référence. Il était très physique, très dynamique et il y a le saut. Pour Michaël, c’était SON Kata. Jusque-là, on voyait de très beaux katas. On pensait qu’on était arrivé à quelque chose, presque une finalité. En fait, non. L’excellence, l’évolution du Kata, cela a été lui. Par la suite, beaucoup s’en sont inspirés. Il n’a absolument pas disparu dans les esprits. Michaël a révolutionné le Kata de compétition au travers de tous les Katas qu’il a pu présenter, en l’occurrence Unsu. »

 

Vidéos :

Michaël Milon en action aux Championnats du monde 1996, quand il a remporté son 2e titre mondial.

Son Unsu de sa 3e victoire mondiale en 2000 à Munich 

Kankusho par MIchaël Milon en 2000

 A lire :

épisode 1 /  Michaël Milon, l'éternel