A l’aube du Karate1 de Lisbonne ce week end, décisif pour la qualification olympique en -61 kg, Gwendoline Philippe revient sur les différents points clefs de sa carrière qui l’ont conduite jusqu’au plus haut niveau : le Karaté en famille à Saint-Lyphard, sa rencontre avec Ludovic Cacheux, son 1er titre de championne du monde…

Par Florian Fournier

Photos : Kphotos


 

Ton point de départ avec le karaté ?

Le karaté c’est une histoire de famille. C’est ma maman qui le pratiquait étant plus jeune et qui a donné l’envie a toute ma famille de commencer. C’est à l’âge de 5 ans que j’ai débuté dans le même club que ma mère, mon père, mon grand frère et ma grande sœur à Saint-Lyphard en Loire-Atlantique.

As-tu un souvenir de tes premiers pas en kumite ?

C’est avec mon papa que j’ai réellement découvert le kumite. Au départ, j’étais dans un club plus traditionnel et, en dehors des entraînements, mon père me donnait des cours individuels plus axés sur le kumite et la préparation physique. D’ailleurs, c’est avec lui que j’ai réalisé mes premiers podiums nationaux en kumite.

Pour l’anecdote, vers 8-9 ans, je faisais aussi du kata. J’ai terminé 5e d’une compétition nationale mais je sentais plus de prédisposition pour le kumite. C’est vraiment en kumite que je prenais le plus de plaisir. Je pense aussi que le fait de faire 3e aux « France » à 9 et à 10 ans puis championne de France à 11 ans m’ont motivé à poursuivre dans cette voie.

Ta première compétition ?

Ce qui me reviens en mémoire, c’est un championnat de ligue à l’âge de 8 ans que je perds en finale à cause des contacts. J’étais une fille rentre dedans qui ne maîtrisait pas encore toute sa fougue et son envie. Je prenais beaucoup de points de pénalités pour contact.

Ta rencontre avec le titre de championne du monde, comment s’est-elle passée ?

J’avais la tête dans le guidon. Sur le coup, je n’ai pas réalisé vraiment ce qui se passait. Pour moi, ce n’était pas un rêve mais un objectif. C’est un accomplissement que j’ai construits au fur et à mesure. Dans un premier temps, je gagnais des compétitions internationales. Puis j’ai remporté les Championnats d’Europe à Zurich en 2015 et les championnats du monde Junior en 2016 à Jakarta. A chaque fois que je remporte une compétition, j’éprouve plus un soulagement. Le soulagement de me dire « ça, c’est fait, objectif atteint ».

Tu t’es blessée au genou au K1 de Dubaï en février 2020. Comment as-tu réagi ?

C’est quelque chose qui me marque encore aujourd’hui. Quand je revois les images, j’en ai encore la boule au ventre et les yeux humides. Mais je ne me suis pas lamentée sur mon sort. Je me suis mise au travail, à l’entraînement tout de suite sans jamais rien lâcher. En 9 mois, je n’ai pris qu’une semaine de repos, sinon c’était entraînement 2 fois par jour. Aujourd’hui, je me sens plus en confiance et plus déterminée que jamais.

Quel professeur t’a marqué dans ta carrière ?

Ludovic Cacheux fait partie des entraîneurs qui m’ont aidé à franchir des étapes et à me rendre meilleure. Il m’a souvent dit cette phrase : « c’est en s’entraînant mieux qu’on devient meilleur, pas en s’entraînant plus ». Ludovic m’a apporté de la structure dans ma façon de m’entraîner et de voir le karaté. Mentalement, j’ai franchi un énorme cap et il a un rôle très important là-dessus. Avec lui, j’ai changé ma façon de voir la victoire, d’aborder une compétition. Je lui dois beaucoup.

Comment as-tu abordé l’arrivée de la notoriété ?

J’ai ressenti un grand changement lors de mon arrivée en Senior. A l’Open de Paris, voir le public attendre mes combats, me supporter, m’interpeler… m’a fait prendre conscience que quelque chose se passait. Ce soutient du public que je ressens m’apporte énormément au quotidien. Plus que le fait que ma communauté me permet d’avoir des sponsors et de m’aider dans ma préparation, leur soutien moral apporte une énergie folle. Et j’ai ce tempérament qui fait que j’aime être proche de ma communauté et échanger avec eux. Je prends énormément de plaisir à leur partager mon quotidien et à voir leur réaction positive. C’est un réel boost dans ma carrière et je remercie tous ces gens d’être présents pour moi.