Et c’est Luigi Busa qui a eu le dernier mot ! Cela fait plus de 10 ans que cela dure. Rafaël Aghayev menait la danse mais, en l’emportant 1-0 en finale face à l’Azerbaïdjanais, l’Italien est entré dans l’histoire. Il est LE champion olympique. Stanislav Horuna finit 3e.

En -61 kg, les deux meilleurs se sont aussi donné rendez-vous en finale. La championne du monde serbe, Jovana Prekovic, s’offre un doublé sur décision des arbitres au détriment de la Chinoise Xiaoyan Yin (0-0, 32 aux drapeaux).

En kata, sans surprise et avec logique, tant il domine son sujet, le triple champion du monde japonais, Ryo Kiyuna, est devenu champion olympique.

Par Ludovic Mauchien et Florian Fournier

Photos : Kphotos


 

-75 KG : BUSA DOMPTE AGHAYEV EN FINALE

Finale

Luigi Busa (Ita) b. Rafael Aghayev (Aze), 1-0

½ finales

Rafael Aghayev b. Gabor Harspataki (Hon), 7-0

Luigi Busa (Ita) b. Stanislav Horuna (Ukr), 3-0

Le podium olympique

1. Luigi Busa (Ita)

2. Rafael Aghayev (Aze)

3. Gabor Harspataki (Hon) / Stanislav Horuna (Ukr)

Il y a des moments que l’on attend avec impatience, avec appréhension aussi. Le duel Aghayev, Busa, Horuna appartient à ces moments. Tous méritaient de gagner, pour différentes raisons, mais il devait n’en rester qu’un. Forcément, ces moments allaient procurer joie et tristesse, rires et larmes. On les attend avec impatience pour les rires, avec appréhension pour les larmes. Qui va éclater de joie ? Qui va pleurer dans son coin, anéanti par la défaite ?

On veut vite connaître la réponse, mais pas trop non plus. Le verdict a fini par tomber au Nippon Budokan de Tokyo. C’est Stanislav Horuna qui tomba le 1er, face à Luigi Busa (3-0). L’Italien avait cadenassé l’affaire et l’Ukrainien n’a pu trouver de solution. Dans l’autre ½ finale, Rafaël Aghayev ne fit qu’une bouchée de Gabor Harspataki, le n°11 mondial (7-0).

La finale ne pouvait être qu’épique. Rafael Aghayev et Luigi Busa sont au firmament des -75 kg depuis plus de 10 ans, se partageant titres de champion du monde (7 à eux deux) et d’Europe, se disputant finale après finale. A 36 et 33 ans, ils disputent leurs dernières banderilles. L’histoire devait se terminer ainsi, par une explication au sommet entre les 2 maestros.

Bien qu’ils se soient rencontrés en poule (victoire 3-1 de Busa qui jouait sa qualif’), les compteurs étaient remis à zéro. Le samouraï Aghayev est en forme. Esquives comme au bon vieux temps, il a retrouvé ses 20 ans. Luigi Busa est monté en puissance et a imposé sa puissance et sa présence. Ils sont présents au rendez-vous. Hajime !...

Honnêtement, on attendait mieux de cette finale, complètement fermée. Mais ils se connaissent tellement par cœur. Une 1ère banderille de Busa, un Gyaku Tsuli à 1 min 18 de la fin et puis c’est tout ! Si Rafaël Aghayev est le recordman de l’histoire en nombre de titres de champion du monde (voir son interview), Luigi Busa restera à jamais le champion olympique. L’histoire a choisi de ne pas choisir de meilleur.

 

Voir les tours préliminaires (ici)

-61 KG : PREKOVIC AU BOUT DU (NON) SUSPENSE

Finale

Jovana Prekovic (Srb) b. Xiaoyan Yin (Chn), 0-0 (3-2 aux drapeaux)

½ finales

Xiaoyan Yin b. Giana Lotfy (Egy), 1-1 (3-2 aux drapeaux)

Jovana Prekovic b. Merve Coban (Tur), 2-0

Le podium olympique

1. Jovana Prekovic (Srb)

2. Xiaoyan Yin (Chn)

3. Giana Lotfy (Egy) / Merve Coban (Tur)

Après avoir dominé les éliminatoires lors de la session matinale, la n°1 mondiale, la Chinoise Yin, et la championne du monde Serbe, Jovana Prekovic, se sont retrouvées en finale. Dans un combat verrouillé, sans spectacle et fade, c’est la championne du monde qui devient championne olympique à la décision arbitrale après un match nul 0-0. Prekovic gagne 3-2 aux drapeaux cette finale qui ne marquera pas son temps par son contenu.

Un peu plus tôt, dans une demi-finale serrée, la Chinoise Yin s’impose aux drapeaux 3-2 contre l’Egyptienne Lotfy après un match nul 1-1.

Dans l’autre demi-finale, l’écart de niveau était plus grand tant la championne du monde Prekovic survole ses adversaires en ce moment. Sans trembler, elle s’impose 2-0 contre la Turc Coban. Défaites, Coban et Lotfy repartent avec la médaille de bronze lors de ces JO.

Voir les tours préliminaires (ici)

KATA M : KIYUNA, ÉVIDEMMENT !

Finale

Ryo Kiyuna (JAP) b. Damian Quintero (Esp) -28.72 / 27.66

Médailles de bronze

Ariel Torres Gutierrez (Usa) b. Antonio Diaz (Ven) – 26.72 26.34

Ali Sofuoglu (Tur) b. Heejun Park (Cor) – 27.26 / 26.14

Le podium olympique

1. Ryo Kiyuna (Jpn)

2. Damian Quintero (Esp)

3. Ali Sofuoglu (Tur) / Ariel Torres Gutierrez (USA)

On ne pouvait rêver mieux pour cette finale. Comme chez les femmes, le duel oppose le Japon à l’Espagne. Ultra favori avant la compétition, le triple champion du monde Ryo Kiyuna a assumé son rang. Dominateur sur les tours de qualification avec des notes toujours au-dessus de 28 (il est le seul à dépasser cette note), on ne donnait pas cher de la peau de Damian Quintero en finale. Toujours dans sa lancée, Ryo Kiyuna réalise une performance hors norme. Son Ohan daï noté à 28.72 écrase l’Espagnol et son Suparinpei à 27.66.

Stoïque après sa victoire, l’empereur Ryo Kiyuna a d’abord salué chaleureusement son adversaire, puis l’entraîneur espagnol avant de réaliser un geste rempli de symbole et de grâce. Seul au milieu du tatami, à l’intérieur du Nippon Budokan, temple des arts martiaux, il s’assoie en saïsa pour effectuer un salut symbolique. Un geste qui restera dans l’histoire du karaté. Aujourd’hui triple champion du monde, champion olympique et ne comptant qu’une défaite en 8 ans, Ryo Kiyuna est une légende vivante de cette discipline.

Présent en finale pour le bronze, le double champion du monde vénézuélien Antonio Diaz, 41 ans, a tout donné. Mais son Chatanyara Kushanku n’a pas suffi pour venir à bout du puissant Ariel Torres Gutierrez. Réalisant un Anan très engagé physiquement, la jeunesse a eu le dessus sur l’expérience.

Réalisant que c’était son dernier kata après 23 ans de haut niveau, la légende a fondu en larme en sortant du tatami. Un grand moment de sport et d’émotion.

Dans l’autre petite finale, c’est le Turc Ali Sofuoglu et son Gojushiho Sho déjà victorieux aux championnats d’Europe qui s’impose contre le Coréen Park et son Suparinpei. Toujours aussi puissant et en place dans son kata, le Turc n’a pas fait de détail. Une médaille de bronze qui couronne une belle saison pour lui.