Japon, France et Iran, c’est le tiercé gagnant de l’Open de Paris 2018 (26-28 janvier). Ce premier tournoi disputé avec les nouvelles règles des qualifications olympiques a tenu son rang. Le casting proposé a nettement élevé le niveau des combats. Ce Premier League nouvelle génération a permis de déceler certains talents qui pourraient bien tout exploser sur leur passage d’ici 2020… Les jeunes pousses germent… Revue d’effectifs.

Par Ludovic Mauchien / Photos : K-photos


Impeccable de tenue, le Japon poursuit sereinement sa route vers « ses » Jeux. Avec une délégation au complète, les Nippons n’ont pas failli avec cinq succès. Miyahara (-50 kg) a pris sa revanche de la dernière finale mondiale face à la Française Recchia et Nishimura s’est payé le scalp du roi Aghayev avec une victoire à l’ultime seconde. Si le Japon est première nation, il le doit surtout, comme d’habitude, à son Kata. L’empereur Kiyuna et l’impératrice Shimizu n’ont pas tremblé, la jeune équipe féminine, supposée être en reconstruction, non plus.

Côté France, des duels sont en balance. Deuxième nation derrière le Japon, le bilan est certes correct mais les Tricolores ont oscillé entre le plus et le moins. En tout cas, cet Open est riche d’enseignements. Côté promesses, les prestations de Gwendoline Philippe (2e en -61 kg) et Mehdi Filali (2e en +84 kg), qui disputaient leur premier Open de Paris à 18 ans, appellent beaucoup d’espoirs.

Ce dernier, qui a disputé sa première compétition Senior en septembre dernier à l’Open d’Allemagne (3e), a séduit les travées de Coubertin. En finale, face au champion du monde iranien Ganjzadeh, il ne s’est pas démonté. Il aurait même pu l’emporter avec un brin d’indulgence des arbitres, qui ont jugé un Mawashi en pleine tête trop puissant et un Ura trop imprécis.

Quant à Gwendoline Philippe, double championne du monde Jeunes en 2016 et 2017, elle s’est inclinée de justesse en finale face à la double championne d’Asie, la Chinoise Yin. Mais elle a surtout marqué les esprits en dominant outrageusement son aînée, Lucie Ignace, en ½ finale par un cinglant 10-0. La troisième Française, Leïla Heurtault, a aussi réalisé un beau parcours en atteignant la ½ finale face à Yin (défaite 1-0). Ca promet dans cette catégorie !

Ca promet aussi en +68 kg. Anne-Florentin éliminée dès le 1er tour, ce sont tout de même deux Françaises qui se retrouvaient en finale. La jeune Nancy Garcia, pensionnaire du Pôle olympique, et l’ancienne championne du monde Nadège Aït Ibrahim, engagée sous les couleurs de son club. La sudiste a eu le dernier mot cette fois-ci (2-1).

Les deux succès des combattants de l’équipe de France sont l’œuvre de Steven Da Costa (-67 kg) et Alizée Agier (-68 kg). Il s’agit de la première victoire à Paris pour le Lorrain, la deuxième d’affilée pour la championne du monde 2014.

Alexandra Recchia (-50 kg), bien que dominée en finale (mais d’un rien), est apparue en verve. Pas de souci à se faire de son côté, comme pour Kenji Grillon (-84 kg), même si celui-ci s’est vu infliger un 10-0 par le jeune Egyptien Elmasry en ½ finale, après avoir dominé Jessie Da Costa.

Non classés, Logan Da Costa (-75 kg), Emilie Thouy (-55 kg) et l’ensemble du Kata pourront se reprendre à l’Open de Dubaï (16-18 février) puis celui de Rotterdam (16-18 mars).

Cet Open de Paris était aussi, surtout, l’occasion de se montrer pour les seconds couteaux olympiques engagés sous la bannière de leur club et coachés par leurs entraîneurs personnels. Johan Lopes, 3e en -60 kg, Sabrina Ouihaddadène, 2e en -55 kg et, bien sûr, Nadège Aït Ibrahim (1ère en +68 kg), ne l’ont pas laissés passer. A confirmer.

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La Chinoise Yin devance les trois Françaises engagées en -61 kg.

 

Les faits marquants

Du très haut niveau dans la finale des -50 kg qui a opposé La Japonaise Miyahara à la Française Recchia, pour un remake de la dernière finale mondiale. Miyahara gagne 7-4. « Il faut que j’apprenne à perdre aussi », en souriait même « Alex ». Un sourire après une défaite ! Le fait est tellement rare qu’il méritait d’être signalé.

Le nouveau Steven Da Costa est arrivé ! « Je ne peux plus faire le fou », dit-il. Certainement dommage pour nous mais l’or est peut-être à ce prix chez les Senior. C’est avec une maîtrise tactique qu’on ne lui connaissait guère qu’il s’est joué de l’Egyptien Hanafy puis du Japonais Shinohara en finale.

Nishimura ne réussit vraiment pas à Rafaël Aghayev. Bien que le quintuple champion du monde n’était pas à son top niveau, le Japonais a signé sa 2e victoire dans un tournoi majeur, après Okinawa en novembre, en s’imposant pour la… 3e fois face au petit Lutin du Caucase.

L’Iran se positionne de plus en plus comme un ténor du concert international. Outre les deux succès de Poorshab (-84 kg) et Ganjzadek (+84 kg), les Iraniens ont remporté quatre médailles de bronze. Ils sont en embuscade

Un Mawashi qui restera dans les annales. Le jeune Français Mehdi Filali est à créditer du geste du tournoi. En finale, face à l’Iranien Ganjzadeh, il a décoché un Mawashi pleine tête qui a fait tomber le champion du monde, abasourdi, sur les fesses. Sous les sifflets du public, les arbitres ont néanmoins décidé que le coup était trop porté. Dommage pour la beauté du geste.

Attention, chaud devant ! La jeunesse veut le pouvoir. Outre les Français Gwendoline Philippe et Mehdi Filali, beaucoup de jeunes de 18-19 ans ont très forte impression. Les « anciens » ont intérêt à ne pas s’endormir sur leurs lauriers… En têtes de liste, l’Egyptien Elmasry (2e en -84 kg), le Taïwanais Wang Yi-Ta, tombeur de Quintero puis Diaz (2e en Kata) et les équipes kata du Maroc 2e chez les hommes, 3e chez les dames). A suivre attentivement !

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Le Français Johan Lopes (-60 kg), engagé avec son club, a pris une belle 3e place.

 

Les résultats complets

HOMMES

-60 kg

  1. Assadilov (Kaz)
  2. Brose (Bre)
  3. Saytamov (Ouz) et Lopes (Fra)

-67 kg

  1. S. Da Costa (Fra)
  2. Shinohara (Jap)
  3. Khani (Bel) et Derafshipour (Ira)

-75 kg

  1. Nishimura (Jap)
  2. Aghayev (Aze)
  3. Asgari (Ira) et Horuna (Ukr)

-84 kg

  1. Poorshab (Ira)
  2. Elmasry (Egy)
  3. Aktas (Tur) et Grillon (Fra)

+84 kg

  1. Ganjzadeh (Ira)
  2. Filali (Fra)
  3. Abazari (Ira) et Horne (All)

Kata

  1. Kiyuna (Jap)
  2. Wang Yi-Ta (Tai)
  3. Shimbaba (Jap) et Quintero (Esp)

Kata par équipe

  1. Espagne
  2. Maroc
  3. Iran et WKF 1

FEMMES

-50 kg

  1. Miyahara (Jap)
  2. Recchia (Fra)
  3. Sayed (Egy) et Nishi (USA)

-55 kg

  1. Jefry (Mas)
  2. Ouihaddadène (Fra)
  3. Terliuga (Ukr) et Khaksar (Ira)

-61 kg

  1. Yin (Chi)
  2. Philippe (Fra)
  3. Heurtault (Fra) et Ignace (Fra)

-68 kg

  1. Agier (Fra)
  2. Someya (Jap)
  3. Kopunova (Slq) et Vizcaino (Esp)

+68 kg

  1. N. Aït Ibrahim (Fra)
  2. Garcia (Fra)
  3. Jami (Tun) et Harvey (GB)

Kata

  1. Shimizu (Jap)
  2. Iwamoto (Jap)
  3. Sanchez Jaime (Esp) et Lau Mo Sheung (HK)

Kata par équipe

  1. Japon
  2. Espagne
  3. Maroc et Italie