En mai 2016, le Français Logan da Costa dispute sa 1ère demi-finale européenne en -75kg. A Montpellier, devant un public bouillant, il va affronter la légende de la discipline, l’Azerbaïdjanais Rafaël Aghayev. Dans la foulée d’une victoire notable contre l’Ukrainien Stanislav Horuna, le Tricolore, alors âgé de 24ans, va voir son épopée s’arrêter en demi-finale. Bien qu’il s’agisse d’une défaite, ce combat est encore aujourd’hui très présent dans sa mémoire. C’est son « best fight ».

Par Florian Fournier / Photo : Kphoto


« Ma réponse peut en surprendre plus d’un mais je pense à mon combat perdu en 2016 aux championnats d’Europe de Montpellier contre Rafaël Aghayev. Cette demi-finale reste aujourd’hui le combat qui m’a le plus marqué. Premièrement, c’était à domicile et le public était à l’unisson derrière moi. Mais on sentait aussi énormément de respect pour Aghayev. L’ambiance était donc exceptionnelle. Ensuite, c’est une demi-finale contre la légende de cette catégorie. Il y a forcément un goût particulier quand on l’affronte. D’autant plus que c’était notre première confrontation.

Sur le combat en lui-même, tout est allé très vite. Entre mon quart de finale victorieux contre Horuna et la demi-finale, je n’ai pas eu de temps de repos, juste le temps de changer de protection. Même si l’on est préparé à ce type d’événement, il est toujours préférable d’avoir un petit temps de repos entre les combats au moins pour mettre en place une stratégie avec le coach. Je n’ai pas eu cette opportunité.

Mais, quoiqu’il arrive, il faut aller au combat et c’est ce que j’ai fait. Dès que l’arbitre a dit Hajime, je suis rentré dedans pour lui mettre la pression. C’était un combat très « viril ». Physiquement, cela a été éprouvant, surtout après mon quart contre Horuna. Mais, dans une demi-finale la douleur n’existe plus et je me suis donné jusqu’à la fin. Bien que défait 6-0, je n’ai jamais renoncé et j’ai tout tenté que ce soit en technique de poing ou de jambe.

Le combat a été très accroché durant la première minute où il mène 2-0 après deux techniques de poing. Je cours ensuite après le score. Il m’inflige un balayage, je me retrouve à 5-0 au bout d’une minute trente et dans l’obligation de tout tenter.

Je n’ai eu aucun moment de doute ou d’appréhension de me dire : « en face, c’est Rafaël Aghayev ». J’ai pris ce combat comme un autre et, du début à la fin, je suis resté concentré et déterminé. Malheureusement, je n’ai pas eu le succès escompté mais, dans l’attitude, je suis fier de ce que j’ai fait.

D’ailleurs, à la fin du combat, Aghayev m’a fait une accolade très respectueuse. C’est un moment très marquant pour moi et pour le public présent ce jour-là. Pendant 3 minutes, on s’est fait la guerre pour accéder en finale mais, à la fin, il y avait énormément de respect.

Aujourd’hui, avec le recul, je sais que cette demi-finale s’est jouée sur des détails. A notre niveau, même si le score peut paraître élevé comme pour cette demi-finale, la vérité du tatami est toute autre. Avec une stratégie et un peu plus de fraîcheur, le score aurait sûrement été différent. Je ne dis pas que j’aurais gagné mais je pense que, pour l’accrocher un peu plus, j’ai peut-être manqué de ces deux-trois éléments. Par la suite, nous nous sommes affrontés plusieurs fois et les combats ont généralement été très serrés, même si je n’ai pas réussi à les faire basculer en ma faveur. Mais cela va venir…  
Ce combat reste l’un des plus marquants de ma carrière. C’était la première fois que j’allais aussi loin en individuel dans une compétition majeure, on était en France avec un public remarquable, face à un adversaire qui a marqué son temps. Je ne l’oublierai pas de sitôt. »