A 23 ans, Burak Uygur est devenu la cible. Mais il tire plus vite que ses adversaires et c’est finalement lui qui met dans le mille. Double champion d’Europe en titre (-67 kg), « Grand Winner » 2018 et n°1 mondial de la caté, le Turc est le grand favori pour le titre de champion du monde à Madrid (6-11 novembre). 

Lui ne se dit pas le meilleur, parle d’honneur quand on lui parle « Grand Winner », et remercie ses entraîneurs, dont son père. Un mec cool paré de l’étoffe des grands champions. Et il est toujours au rendez-vous…

Par Ludovic Mauchien / Photos : Kphotos


 

Burak Uygur, c’est le profil type du gendre rêvé. Plutôt beau gosse, toujours souriant, discret, très poli, respectueux et, en plus, il a du talent et il gagne ! Le profil idéal. Enfin… Presque… Il est souvent absent du domicile conjugal. « Depuis que je me suis marié, en début d’année, je n’ai vu ma femme que 3 à 4 jours par mois. Toute ma vie est aujourd’hui concentrée sur le Karaté ». Le Karaté est sa vie. Son Karaté est de gagner. Sa voie martiale ? Suivre sans coup férir le chemin pour concrétiser son rêve de môme : devenir champion du monde Senior.

Dans son esprit, ce n’est pas un vain mot. C’est même plus une volonté qu’un rêve. En novembre 2015, dans la foulée de son titre mondial chez les U21, il nous déclarait : « Depuis tout petit, je rêve d’être champion du monde Senior. Avant chaque combat, je rêve que je vais gagner, que je vais être champion. (Aujourd’hui), j’ai accompli une partie de mes rêves. Il me reste la 2e moitié à accomplir. J’adore ce que l’on ressent quand on devient champion du monde Espoirs. Je n’imagine même pas la joie que cela doit procurer en Senior ! Je vais tout faire pour l’être ».

C’est même ce qu’il fait depuis l’âge de 5 ans. D’abord formé par son père, Zeki Uygur, jusqu’à l’adolescence, il a ensuite été affiné par Murat Delihasan en équipe nationale. « Je tiens à remercier mes professeurs, dont mon père. Il adore le Karaté et il possède un club à Istanbul. On peut dire que je suis professionnel depuis l’âge de 5 ans », rigole-t-il. Traduisez : entraînement quotidien avant même d’aller à l’école. Mais, en Turquie, le Karaté est très populaire. Il ne suffit pas de montrer les dents. Il faut aussi serrer la mâchoire et allonger les Mawashi pour se faire une place. Cela n’a jamais réellement posé de problème à Burak Uygur (-67 kg, 1,78 m) !

« JE LE SENS ! J’EN REVE ! JE LE VEUX ! »

Intégré à l’équipe nationale à 16 ans, en 2011, il devient champion d’Europe U18 en 2013 et finit 3e des Jeux Méditerranéens en 2014. En 2015, il est convié aux Championnats d’Europe en mai. 1ère banderille de l’année ! A Istanbul, devant son public, il parvient en finale, seulement battu par l’Azerbaïdjanais Aliyev. Mais les grands champions ne se nourrissent pas de merles. Un mois plus tard, à Bakou, en… Azerbaïdjan, le Turc prend sa revanche sur Aliyev en ½ finale des 1ers Jeux Européens, avant de remporter l’épreuve.

Il retient la leçon de cette finale perdue. Depuis, sur les 8 qu’il a disputées, il n’en a perdu qu’une (Dubaï 2018). Outre son titre de champion du monde U21 fin 2015, il va remporter Championnats d’Europe U21 début 2016, son jubilé en catégorie Jeunes. Passé chez les Seniors, il se fait plaisir !

Hormis les Mondiaux 2016 (5e), Burak Uygur répond à chaque fois présent. Avec l’équipe turque double championne d’Europe, dont il est l’un des piliers, mais aussi en individuel. A 23 ans, il est devenu la cible à battre. Il est double champion d’Europe en titre, « Grand Winner » 2018 grâce à ses victoires à Rotterdam et Tokyo et sa finale à Dubaï, et logiquement n°1 mondial. C’est le meilleur ?...

« Etre « Grand Winner », c’est un honneur. Mais je ne peux pas dire que je suis le meilleur. Je suis « le meilleur favori » des Championnats du monde », sourit-il. « Je me méfie de l’arrogance comme de la peste ». Une humilité qui sied aux Grands. Il n’est pas du genre à ses reposer sur ses lauriers et son talent. Avec assurance et sans arrogance, il avance vers les Mondiaux, vers cette médaille d’or qui le fait rêver depuis tant d’années. Victorieux à Tokyo, pour l’ultime tournoi avant le rendez-vous madrilène, il monte en puissance pour espérer atteindre son pic de forme en Espagne.

« Ma victoire au Japon m’a encore prouvé que je pouvais le faire. Je sens que je peux être champion du monde. J’en rêve ! Je le veux ! Je m’entraîne très, très dur tous les jours pour ça. J’espère que cela va devenir réalité. Mais seul Dieu le sait ». En tout cas, ne comptez pas sur lui pour passer à côté et se laisser intimidé ou submergé par l’événement. Le mental, c’est son point fort !

 

BURAK UYGUR

Né le 14 avril 1995 à Istanbul

Pays : Turquie

Catégorie : -67 kg

Taille : 1,78 m

Palmarès

Champion d’Europe en 2017 et 2018. 2e en 2015

Vainqueur des Jeux Européens en 2015

3e des Jeux Méditerranéens en 2014

Champion du monde Espoirs (U21) en 2015

Champion d’Europe Espoirs (U21) en 2016

Champion d’Europe Juniors (U18) en 2013

Champion d’Europe par équipe en 2017 et 2018

Karate 1 : 3 victoires (Istanbul 2015, Rotterdam et Tokyo 2018), 4 podiums (2018 : 2e à Dubaï)

 

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