Emmenée par Steven Da Costa et Alizée Agier, les champions du monde français, l’équipe de France qui s’envole vendredi pour les Mondiaux de Dubaï (16-21 novembre) offre une 1ère cape à beaucoup d’entre eux.

L’objectif majeur pour Yann Baillon : briller en équipe, où les filles sont les championnes en titre. Avant ces Mondiaux qui clôturent et ouvrent à la fois une ère, le directeur des équipes de France dresse l’état des lieux post-olympique.

Par Ludovic Mauchien / Photo : Nicolas Leport


Quelles sont les ambitions de cette équipe de France rajeunie aux Championnats du monde ?

C’est en effet une équipe de France rajeunie, le croisement de 2 générations, qui se présente à ces Championnats du monde. Ceux-ci vont être, je pense, assez particuliers parce qu’ils arrivent après une longue période olympique.

Les athlètes ont été habitués, pendant plus de 3 ans, à un rythme de compétition avec un ranking à la clé et, en plus, il y a eu le covid. Là, c’est le retour au Karaté d’avant, avec une compétition classique. L’objectif est de retrouver l’ambition d’être performant sur une journée, sur une échéance.

Cela peut paraître évident mais je ne suis pas certain que cela le soit. Le système des K1 et de la ranking a été bien ancré dans la tête de tous les athlètes. Il s’agit d’abord de retrouver cette ambition d’être performant sur un championnat et de monter sur la boite.

Quels sont vos objectifs de médailles ?

Nous n’avons pas fixé de chiffres ou d’objectifs de classement. On y va avec beaucoup d’humilité. Cela a été très difficile sur les dernières échéances internationales, notamment les Championnats d’Europe en Croatie (en mai). Sur la fin du parcours de sélection, beaucoup d’athlètes ont arrêté leur carrière (Alexandra Recchia, Leïla Heurtault…). On y va avec un groupe extrêmement rajeuni et beaucoup d’humilité.

On s’est focalisé sur les équipes pendant la préparation et même dans les sélections. On attend, bien sûr, des résultats en individuel car on a des forces vives mais on se fixe beaucoup d’objectifs pour les équipes.

Pour les individuels, on a laissé les athlètes se sélectionner seuls, notamment à la Coupe de France, et se préparer dans les clubs. La performance individuelle est dans leur camp. La performance collective, c’est un travail de cohésion, d’osmose, de force collective. 

Quels enseignements avez-vous tiré des Championnats d’Europe ?

C’est compliqué de tirer un bilan dans le sens où ces Championnats d’Europe étaient placés à une période très particulière, juste après la reprise post covid, juste avant le TQO, et ils comptaient pour la qualification olympique.

Émotionnellement, pour les sportifs, il y avait beaucoup de pression. C’était la fin d’un parcours. Ce n’était pas du tout un Championnat d’Europe classique. Donc, cela a été difficile pour nous d’en tirer des conclusions sur le niveau réel des athlètes.

Est-ce que ces Mondiaux marquent le début d’une nouvelle histoire pour l’équipe de France ?

Oui, tout à fait. C’est essentiellement cela. On reconstruit une équipe de France sur des bases solides. On est aussi au croisement de générations. Des athlètes ont arrêté, certains sont en passe d’arrêter. On essaie de rajeunir cette équipe de France sans mettre que des jeunes et travailler avec ces 2 générations.

On a pour objectif de replacer l’équipe de France au cœur du projet. Le DTN le dit souvent, l’équipe de France est au-dessus de tout. Et c’est elle qui est au cœur du projet. On s’est beaucoup focalisé sur les compétitions équipe parce que c’est ce qui fait ressortir le niveau de l’équipe de France, qui la met en lumière.

Votre regard sur la préparation ?

Je suis très satisfait. Lors du dernier stage, il y avait une très belle dynamique. Cela faisait longtemps que l’on ne voyait pas une équipe de France bien vivre ensemble, avec une très bonne ambiance. Après, le haut niveau, cela prend du temps. Là, on est dans la reconstruction. Mais on va à Dubaï avec de l’ambition !

Et avec un leader, Steven Da Costa…

Et quel leader ! Mais je sais aussi que c’est difficile d’enchaîner après les Jeux. Déjà, émotionnellement, cela a été quelque chose d’extraordinairement fort pour lui. Derrière, il faut se remettre en selle. Ce n’est pas facile. On va voir s’il en a la force et l’énergie.

En tout cas, ce que j’ai vu à la dernière compétition que l’on a faite (les championnats méditerranéens) était un signe fort de sa part en termes d’ambition et de cohésion. Alors qu’il était un peu blessé (au dos) et forfait en individuel, il a absolument tenu à combattre en équipe. Il voulait montrer aux autres que, même s’il était champion olympique individuel, il était avec eux. J’ai trouvé cela super intéressant. En plus, il a été très bon. Il a fait du Steven. Il n’a pas beaucoup combattu, on l’a préservé. Mais il a fait un 2e combat fantastique contre un lourd grec. C’est de bon augure.

L’équipe de France sélectionnée pour Dubaï