Comment vont-ils ? Comment voient-ils leur avenir ? Comment vivent-ils au présent, mentalement, physiquement, financièrement ? Passer 9 mois sans compétition a-t-il changé leur priorité, modifié leur vision de la vie, leur vie, tout simplement ?

Alors que les 25e Championnats du monde auraient dû commencer hier à Dubaï (18-22 novembre), nous avons pris des nouvelles de nos champions à travers le monde. Au fil de la semaine, Elisa Au, El Mannani, Elsawy, Chatziliadou, Busa… vont raconter leur « nouvelle » vie qu’ils n’espèrent pas éternelle. Aujourd’hui, la n°1 mondiale des -55 kg, l’Ukrainienne Anzhelica Terliuga...

Par Ludovic Mauchien / Photo : DR


Dans la vie d’avant, elle pétait la forme ! Son Karaté rayonnait. Elle avait remporté 12 médailles dont 7 en or en une seule année. N°1 mondiale et n°2 olympique des -55 kg, Grand Winner 2019, l’Ukrainienne Anzhelica Terliuga était quasi invincible sur sa route vers les Jeux olympiques de Tokyo.

Elle se rêvait parée d’or pour une dernière en beauté. A 27 ans, elle avait choisi de privilégier sa vie de femme et décidé de mettre un terme à sa carrière dans la foulée des JO.

Mais le Covid 19 est passé par là. Ses projets tombent à l’eau, repoussés (au mieux) d’un an. C’est le coup de massue. Elle ne vit pas très bien ce 1er confinement, sans objectifs clairs, sans compétitions, sans entraînements, éloignée de son petit ami, l’Allemand Noah Bitsch.

Avec l’été, elle apprend à prendre son mal en patience, puis le taureau par les cornes. Son caractère de championne reprend le dessus. Pas question de se morfondre. Elle s’ouvre à la vie « normale », l’appréhende et s’y acclimate, reprend sa marche en avant, trouve un emploi pour préparer l’après et assumer le présent, faute de stages. En attendant avec impatience de meilleurs jours.

Si je te dis compétition, que te vient-il à l’esprit ?

La compétition me manque énormément. Elle me procure des émotions que je ne ressens nulle part ailleurs. J’aime vraiment tout, depuis le début et le processus d’entraînement, lorsqu’on entraîne très dur au Dojo, puis les voyages, même la façon dont je perdais mon poids, puis l’adrénaline et le stress avant la compétition, ressentir ces émotions à l’échauffement, en entrant dans l’aire de combat, puis en pénétrant sur le tatami… Toutes ces sensations me manquent beaucoup. C’est même ce qui me manque le plus dans ma vie. Je serais heureuse si, un jour, je peux à nouveau ressentir ces émotions.

Comment te sens-tu après cette interruption de 9 mois ?

Mentalement, je vais bien. Je m’entraîne tous les jours. Je ne suis plus stressée désormais car ce n’est pas la première vague de mauvaises nouvelles. Durant ce 2e semestre, je sais que je dois me concentrer sur 2021. Je dois garder toute mon énergie pour l’année prochaine. Aujourd’hui, je peux me relaxer, pas de stress, ni d’état d’esprit négatif. J’ai une vie super normale. En fait, je me sens comme une personne normale.

Quand je me réveille le matin, je fais du sport, puis je vais travailler car j’ai maintenant un nouvel emploi dans un bureau. Ensuite, je vais à ma séance du soir, je fais des trucs à la maison, je cuisine, je vais beaucoup voir ma famille… Je suis devenue plus « familiale ». Et j’ai aussi beaucoup de temps pour voir mes amis. Bien sûr, mon ancienne vie me manque, les voyages, les compétitions, l’adrénaline, les émotions, les amis de tous les pays mais je suis aujourd’hui prête à vivre comme une personne normale, en attendant que tout revienne à la normale bientôt.

 Pourquoi as-tu décidé de chercher un travail ?

 Tout d’abord, je pensais à mon avenir, à construire quelque chose, à commencer une carrière. Deuxièmement, je ne peux pas dire que l’argent que je reçois du Ministère des sports soit suffisant pour un sportif professionnel, pour sa préparation, pour les compétitions, pour se soigner, pour voyager et pour vivre. C’est pour cela que je gagnais de l’argent à travers des stages. Le tout réuni me suffisait pour vivre. Mais, lorsque la pandémie de Coronavirus a commencé, tout s’est arrêté. Tous mes stages dans différents pays ont été annulés. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai décidé de trouver un travail « normal ».

 

Voir aussi :

https://www.karate-k.com/fr/sport/actus/745-comment-vont-ils-da-costa-presque-comme-avant-recchia-dans-le-monde-d-apres.html