Ils ont marqué les Championnats du monde 2016 de leur empreinte avec leur médaille d'argent. L'équipe de France kata s'est reformée pour décrocher à Madrid ce qu'il lui manque, l'or. Enzo Montarello, Lucas Jeannot et Ahmed Zemouri, débutent ce vendredi la compétition.

Par Florian Fournier / Photo : KPhotos


 

Qu’est ce qui a motivé ce retour ?

E.M : J'avais une petite nostalgie de voir mes coéquipiers continuer l'aventure sans moi. Ahmed et Lucas sont aujourd’hui plus que des coéquipiers, ceux sont des amis et l'envie de repartir pour une nouvelle aventure avec eux était trop forte. De plus, pour mon aventure individuelle, cela peut m'apporter et me porter énormément pour réaliser de belles performances.

L.J : En plus de cette amitié qui nous lie, je dirai que notre facilité à travailler et la confiance qu'on a entre nous a motivé l'envie de se retrouver.

A.Z : Sans oublier la confiance des entraîneurs et du staff de l'équipe de France qui croient toujours en nous. C'est important d'avoir cette harmonie et cette osmose entre les karatékas mais aussi entre les karatékas et les entraîneurs.

Les sensations sont-elles revenues rapidement ?

E.M : Effectivement, malgré le fait que mon karaté soit devenu plus traditionnel, avec les gars on se connaît par cœur et cela est revenu naturellement entre nous. Aujourd’hui, on travaille l’homogénéité. 

A.Z : Exactement, tout est revenu rapidement puis il y a eu une phase « de stagnation » où tous les petits détails sont réapparus mais c'était prévisible et maintenant, on peaufine tout cela avec ce travail d'ensemble et d'harmonie.

Avez-vous changé vos méthodes d’entraînement ?

E.M : Pour ce retour, on a eu un gros travail de fond technique cet été pour tous les trois, puis on a enchaîné avec du physique. Reprendre la base était essentiel pour se retrouver. Notre maturité et nos expériences communes et individuelles font que nos méthodes d'entraînement changent forcément.

L.J : Il faut noter aussi que les critères d'évaluation des juges ont changé et on a dû s'adapter. Aujourd’hui, l'aspect technique prévaut sur le plan sportif et je pense que toutes les équipes ont dû changer leurs méthodes.

A.Z : Le fait que notre travail soit moins fougueux et plus posé qu'avant nous amène aussi à revoir nos méthodes d'entraînement. Avec cette équipe, on doit aussi permettre à Enzo de franchir un cap. Pour son projet olympique, on est à fond derrière lui et nous l'aidons du mieux possible dans cette aventure en lui apportant les plus du travail par équipe.

Quelles sont vos attentes pour ces Mondiaux ? 

E.M : Conserver la finale serait merveilleux. Le parcours va être difficile mais tout est possible. L'important, c'est de revenir avec un podium.

L.J : C'est exactement cela. En équipe, le titre ultime, c'est de devenir champion du monde. Malheureusement, les équipes ne sont pas aux JO et pour nous, l'or à Madrid sera l'objectif. Cependant, il ne faut pas repenser au passé et rester focaliser sur le futur.

A.Z : Comme le disent mes coéquipiers, l'objectif est clair, revenir en finale et gagner. On a une revanche à prendre, et c'est à nous de nous en donner les moyens.

Comment voyez-vous le niveau international aujourd’hui par rapport à 2016 ? 

E.M : Les petites équipes n'existent plus et ça rend la compétition plus attrayante. On doit être à 100% dès le début.

L.J : C'est une question que je me suis beaucoup posé et a vrai dire je cherche encore la réponse. Y a-t-il moins de petites équipes ou moins d'équipes fortes. Mais je pense quand même que le niveau global a augmenté.

A.Z : Aujourd’hui il faut le dire, tout le monde à sa chance. Des équipes comme la Turquie, le Maroc, le Koweit, etc ont réussi à sortir du lot et cela prouve que les portes sont ouvertes. Cependant, on remarque que chaque équipe a un style « défini » et, à mon avis, en fonction du jury, c'est à ce niveau que peut se faire la différence. C'est pour cela qu'on doit continuer notre travail et montrer que notre identité, notre façon de travailler est la meilleure. Il n'y aura pas de hasard, face aux équipes « puissantes » ou aux équipes « techniques » on devra faire la différence avec notre identité.

Au niveau des katas vous avez changé le programme ? 

E.M : Le programme n'a pas changé, les seules modifications apportées ont été faîtes au niveau du Bunkaï qu'on a travaillé cet été avec Jean-François Tisseyre.

L.J : Pour ce nouveau Bunkaï on a apporté plus de partie spectaculaire. A mon sens, la finale de 2016 s'est jouée sur une partie du Bunkaï japonais qui était exceptionnel au niveau technique et sportif.

A.Z : Le programme est effectivement resté le même mais on a conscience de tous les détails qui vont nous faire franchir un palier et ça change notre façon de travailler. De plus pour le Bunkaï, je rajouterai que le fait d'être plus a l'aise techniquement aujourd’hui, lui donne plus d'envergure. On prend plus de plaisir à le réaliser et c'est à mon sens le plus important.