Le Directeur des équipes de France analyse les enjeux catégorie par catégorie à l’aube des qualifications olympiques dont la première étape pour les Européens se déroule ce week-end à Berlin (14-16 septembre). Le Premier League berlinois servira aussi de revue d’effectif avant l’annonce de la sélection pour les Championnats du monde (6-11 novembre à Madrid), essentielle dans la course pour Tokyo 2020. 1ère partie, les hommes.

Par Ludovic Mauchien / Photos : K-Photos


 

C’est le premier rendez-vous olympique de toute l’élite internationale. Les Asiatiques et Africains ont déjà inscrits leurs noms dans le ranking olympique entamée le 1er juillet avec leurs championnats continentaux mais les autres non. Sauf blessures, il ne manque personne. Tous les grands noms du Karaté sont présents pour ce Karate 1 de Berlin (14-16 septembre).

Les enjeux sont simples et évidents : marquer des points en vue de la qualification aux JO. Pour beaucoup de Français, il s’agira aussi de gagner ou conserver sa place pour les Mondiaux de Madrid puisque ce sera l’ultime compétition avant l’annonce de la sélection, qui sera donnée avant le Premier League de Tokyo (12-14 octobre).

« Le K1 de Berlin est très important dans l’optique de la sélection pour les Championnats du monde. L’idée est que Tokyo serve de compétition de préparation », explique Yann Baillon. « Le ranking commence juste. C’est la première. Beaucoup de choses vont évoluer en cours de chemin. La donne peut changer assez rapidement. Le maître mot, c’est la régularité dans la performance. C’est cela qui va être important. Cela ne sert à rien de gagner un Karate 1 et de ne plus rien faire sur les 4 suivants ». Revue d’effectif, dans lequel on retrouve l’équipe Kata vice-championne du monde, le trio Ahmed Zemouri, Enzo Montarello et Lucas Jeannot.

-60 kg

« Personne ne ressort »

« L’enjeu est d’être dans l’observation car personne ne ressort. Cela fait deux ans que l’on n’arrive pas à renouveler dans cette catégorie avec quelqu’un de performant et régulier. On va être très attentif aux Français qui vont participer, avec leur club comme Johan Lopes, voir s’il rebondit encore, ou pas ; avec Kanath Kanagasingam, que l’on emmène. Avec lui, on est plus dans une logique d’espoir. On va voir s’il est capable de se mettre au niveau Senior. Et d’autres, comme Adam Jacqueray, que l’on va aussi observer et évaluer. Pour l’instant, personne n’a pris la catégorie et qui a le niveau pour la prendre ».

Sélectionné : Kajith Kanagasingam

-67 kg

« Pour le moment, il n’y a pas de leader »

« Pour le moment, il n’y a pas de leader au vu de la saison passée. Il y a trois choses : les performances, la régularité et le ranking. Sur les performances, entre Steven (Da Costa) et Marvin (Garin), c’est assez égal. Sur le ranking, Steven se dégage un peu, du fait des points qu’il a pu marquer sur les compétitions majeures. Mais cela remonte à quelque temps. Et, sur la régularité, on a vu que Marvin était un peu devant la saison passée, notamment avec Dubaï et les Jeux méditerranéens. On va être très observateur de voir qui arrive à se détacher en vue d’une participation des championnats du monde ».

Sélectionnés : Marvin Garin, Steven Da Costa

-75 kg

« Logan (Da Costa) a été très régulier »

« L’athlète qui se dégage par rapport à la saison passée, c’est très clairement Logan (Da Costa). Il a été très régulier sur les Karate 1, mais sans forcément avoir de podium à chaque fois. Il a très souvent été dans le dernier carré, ce qui est très intéressant, il combattait pour la place de 3. Il gagnait, il perdait… Il manquait de régularité en termes de médailles. C’est ce qu’on attend de lui. Il sait qu’il est dans une catégorie très difficile et que s’il veut pouvoir se qualifier, il faut qu’il soit dans le dernier carré et qu’il accroche régulièrement des médailles.

Après, Maxime Relifox a fait de très belles prestations sur les deux Karaté 1 où on l’a emmené. Il a accroché Aghayev, le Japonais à l’Open de Paris... Il est très fougueux, il a un Karaté très généreux, mais il faut qu’il arrive à finir ses combats. S’il y parvient à travers l’expérience qu’il doit acquérir, il peut être très intéressant et jouer les trouble-fêtes.

Quant à Corentin Séguy, il est bourré de potentiel mais il a eu beaucoup de mal à l’exprimer en compétition l’année dernière. Il a fait une saison quasi blanche. S’il arrive à se mettre au niveau, il peut jouer les trouble-fêtes pour la qualification ».

Sélectionnés : Logan Da Costa, Maxime Relifox, Corentin Seguy

-84 kg

« Il y a de jeunes loups... »

« Kenji (Grillon), qui a eu pas mal de soucis à reprendre ses marques, à se remettre dedans, a fait quelques bonnes prestations l’an passé. Il a beaucoup manqué de régularité. Mais, au vu de son expérience et de son âge, ce n’est pas facile. Il y a de jeunes loups... Il faut qu’il arrive à être régulier et à faire en sorte qu’il se serve de son expérience.

Jessie est plein de fougue. Malgré son jeune âge, il a de l’expérience. Il a notamment réussi à battre l’Egyptien Elmasry, qui est au top du top. Il peut se vanter de l’avoir battu, au vu des piles que celui-ci met à tout le monde ! Pour moi, cela reflète le potentiel de Jessie. Son problème est qu’il est capable de battre les meilleurs au monde mais, dans une compétition comme des Mondiaux ou des Karate 1, il ne faut pas en battre un seul mais tous. Ce qui manque à Jessie, c’est de la régularité dans une compétition. Il peut battre le meilleur et perdre derrière ».

Sélectionnés : Jessie Da Costa, Kenji Grillon

+84 kg

« Mehdi va très attendu, cela va être très dur »

« Mehdi (Filali) a fait une super, super saison l’an passé. Il se positionne clairement comme le leader, mais, mais, mais, je pense que le plus dur est à venir pour lui. L’année dernière, il a surpris tout le monde. Il sortait des Juniors, est passé direct aux Seniors, sans même passer par les Espoirs, personne ne le connaissait vraiment. Puis il a claqué des podiums, des Karate 1 assez régulièrement. Il va très attendu et je pense que cela va être très dur. Il va falloir qu’il gagne en combativité, en agressivité, qu’il mette plus de mordant pour se faire respecter. Il a un potentiel énorme. Il est très, très bon mais c’est encore un jeune. Il faut qu’il comprenne que c’est la guerre, que tout le monde veut sa peau et que lui, il faut qu’il veuille la peau des autres. Il a un tel potentiel qu’il en est capable.

Ensuite, on a Ilyes qu’on a sélectionné sur quelques compétitions. Il a été assez surprenant. On a connu surtout chez les jeunas. En Seniors, on n’avait pas toujours été satisfait de son niveau. Puis on l’a repris sur des stages et des compétitions et on l’a trouvé très, très intéressant. On l’a aussi vu quand il a participé avec son club, l’Open de Paris, de Rotterdam… où il était dans le dernier carré. Il ne manque pas grand-chose. En l’intégrant, cela lui donne la possibilité de travailler avec nous pour qu’on puisse le faire progresser.

Dans cette catégorie, il y en a pas mal qui sont intéressants. Salim (Bendiab), Dnylson (Jacquet), Lonni (Boulesnane)… On est observateur des performances. Il y a des places à prendre ».

Sélectionnés : Mehdi Filali, Ilyes Klouz

Kata

« Enzo a fait un gros travail »

« Il n’y a pas forcément une énorme concurrence en Kata mais, malgré tout, on a vu, notamment aux Championnats de France, qu’il y en a une mais elle tarde à venir. Le problème est que la concurrence qui est intéressante pour Enzo au niveau national, n’a pas emmagasiné de points à l’international et ne peut pas forcément participer aux Karate 1, je pense à Maruani, parce qu’il a repris très tardivement, Franck Ngoan et Morassi, parce qu’ils étaient Juniors. C’est un peu compliqué.

Malgré tout, Enzo a fait un gros travail physique. Est-ce que cela va payer ? L’an passé, il a eu une bonne progression mais cela n’a pas payé dans les résultats. Mais le Kata, ce n’est pas aussi flagrant qu’en combat, où quelqu’un qui a progressé va forcément aller plus vite, frapper plus fort, être plus régulier. En Kata, c’est différent. Mais Enzo qui perdait 5-0 il y a deux ans et tu ne comprenais pas pourquoi, il fait maintenant 3-2 contre l’Allemand vice-champion du monde (Smorguner). On est encore loin de ce qu’on attend mais on veut ce qu’Enzo est capable de faire, s’il a progressé, si son travail paie sur les drapeaux ».

Sélectionné : Enzo Montarello

 

Baillon Paris2017 216

Yann Baillon, le directeur des équipes de France.